» Elles ont fouillé les tiroirs, trié les bobines, enfilé les aiguilles, un point en avant, un point en arrière, un point d’arête, mais point de bourdon pour commencer ce qu’une d’entre elles avait nommé » Atelier Libre et Diffus ».
Elles sont neuf pour tirer les fils et faire du vendredi le JOUR, jour échelle ou jour Venise pour les brodeuses ou plus simplement le jour où tout est possible dans cet espace si bien nommé : l’atelier des Possibles, créé à l’initiative de Régine Authier.
Au-delà du plaisir de faire ensemble, la boîte à couture s’est imposée pour fédérer leurs envies de coudre, broder, tricoter de l’inutile, du rien, pour « finir un rang », » ne pas en voir le bout » ou » ne tenir qu’à un fil » …
Et de fil en aiguille, vous découvrez, aujourd’hui, nos coutures incertaines, insolites, tracés inventifs, colorés, festifs qui habillent nos rêveries d’un jour , le vendredi. » (Chantal)
Françoise Besombes : Mycorhise – Promenade en forêt – Envie de se poser – En douceur
Promenade sur un tissu avec des petits points, longuement, patiemment…
Petits greffés : une épluchure sauvée du compost, séchée avec attentions. Puis choix du fil, du crochet, et je lui offre une nouvelle vie
Ariane Blanquet : la vie secrète des couleurs
C’est l’histoire de tous ces points, de tous ces gribouillages, ces petits paysages, ces coloriages qui se rencontrent, qui se côtoient, qui s’entremêlent pour révéler leurs multiples caractères, et un hommage particulier à ma grand-mère qui a su me transmettre son goût du travail de la main, patiemment, tout comme ses écheveaux de fils…
Nathalie Carrié : CONTINUUM
« le continu » du latin « continuus, « sans interruption de continere » tenir ensemble »
qui est composé de parties non séparées, ininterrompues
comment, à partir d’un fil de laine, « tenir ensemble » ? – comment faire d’une diversité, une unité dans la continuité ?
Ce projet est uniquement composé de pelotes de laine dont l’acquisition n’est précédée que de 2 choix : la couleur et le marché de l’occasion (achats, dons, cadeaux) – il est donc constitué du hasard et de la diversité des matières premières (nombre / composition / épaisseur / longueur) – cette pièce se compose du même ouvrage tricoté 3 fois (nombre de mailles et montage de côtes identiques) – 3 parties rapidement juxtaposées et assemblées au fur et à mesure à la façon des bogolans du Mali [le bogolan est une pièce textile rectangulaire, composée de longues bandelettes de coton tissées à la main, assemblées entre elles pour constituer une étoffe plus ou moins large ]
Graziella Garau :
Ces petits palmiers appelés CHAMAEROPS HUMILIS,
ou palmiers nains,
poussent avec bonheur dans les jardins toulousains.
Elancées et élégantes,
leurs feuilles en éventail
fines et découpés
vibrent au plus faible souffle de vent.
Il m’a été naturel de travailler ce végétal,
j’ai plié et replié les feuilles,
je les ai tressées comme des cheveux,
j’ai fait des noeuds……
Elles sont apparues comme des sculptures
mouvantes et changeantes,
comme des masses mystérieuses ,
comme des écritures non identifiables,
mais parlantes.
Françoise Gaudibert
Broder, dessiner… – Plaisir de la main qui fait sans réfléchir, sans modèle, qui se rit des épaisseurs et des déviations… Plaisir des rencontres de matériaux, de couleurs, d’autres travaux en cours dans le temps de l’atelier… Plaisir des partages dans cette galerie atelier où Régine nous accueille généreusement – Parce que j’ai hérité d’une valise lourde des broderies de ma mère,…
Chantal Gramont
la maison s’en est allée – elle a creusé la page du livre – la page s’est détachée et le fil patient, têtu a cousu la maison – couture égarée, inégale – petite marée de points désordonnés autour de la maison – écriture illisible – dehors, dedans – cherchant inlassablement la trace des vies oubliées
Hélène Jambert : Déambulations urbaines
Tracer sur un vieux plan de ville des trajets imaginés et découvrir sur le tissu, dessiné par les fils, un paysage nouveau
Pascale Laplanche
J’ai conservé des petits bouts de fils, « volés » aux unes et aux autres lors de nos rencontres du vendredi, sans savoir vraiment quoi en faire – mais toutes ces couleurs mélangées me plaisaient beaucoup – puis, petit à petit, cette forme est apparue comme une évidence – un fourmillement de couleurs et de fils qui déboulent
Carine Merlino
Voici ma collection de maisons fabriquées la première année de mon installation à Toulouse – je commence un an avant le confinement en ressentant le besoin de faire parler cet intérieur depuis un cadre fixe – Un vrai plaisir a émergé. La série s’est confirmée. Je ne m’en suis pas lassée – A chaque séance, deux ou trois maisons avec toujours les mêmes contraintes : des cartons blancs, récupérés devant le fleuriste des Carmes, la découpe d’un pignon aux dimensions arrêtées, puis le volume libre confectionné avec des rebuts de matières trouvées sur mon chemin – du fil de fer pour joindre les parties – jamais de colle – Je décide de les exposer sur un garde-corps en bois transformé en échelle. L’ensemble forme un village. Entre temps, j’ai trouvé ma maison