Longtemps je me suis demandé d’où provenaient ces robes, jupes, pantalons, chemises, sur les portants d’une friperie ; ceux ensachés ou en tas, à même le trottoir. J’interrogeais par la pensée ces vêtements en sursis, livrés à nous, pas totalement relégués puisqu’on leur offrait une éventuelle seconde vie.
Quels corps avaient-ils abrités ? cachés ? embellis ? Quelles histoires avaient-ils suscitées, partagées avec leur partenaire d’un moment, d’une vie ? Le vêtement tissage d’intime et de mémoire, le vêtement tel une malle aux souvenirs.
Alors le souvenir d’une robe remisée au fond d’un tiroir émergea. Une robe enfouie là depuis sa disparition. Une robe de ma mère. Cette robe qui m’est si chair.
J’écrivis alors à son propos et j’éprouvai combien une robe, un vêtement recelait d’intime. Je décidai d’interroger des femmes et des hommes sur le vêtement, la robe qui leur est chair. Accepteraient-elles, accepteraient-ils de me confier la chair de leurs souvenirs, un pan de leur intimité ? Ielles acceptèrent avec une telle implication, une telle confiance – comme si ielles n’attendaient que cela – que j’en fus très émue.
Avant d’entreprendre vraiment ce travail, je me demandais s’il avait un réel intérêt. En cheminant avec ces personnes, en recueillant leur récit, leurs confidences et constatant leur force, tout prit sens. Soyez-en plus que remercié.e.s !
C’est avec émotion que je propose cette installation qui m’est si chair.
Marie T.